L'élixir de l'oubli by Ténor Arthur

L'élixir de l'oubli by Ténor Arthur

Auteur:Ténor, Arthur [Ténor, Arthur]
La langue: fra
Format: epub
Tags: + 10 ans, Jeunesse, Littérature française, Roman historique
Éditeur: Nathan
Publié: 2006-05-31T22:00:00+00:00


Au crépuscule, Dominique pénétra sur le terrain en question, puis alla se tapir dans les herbes hautes, derrière un amoncellement de blocs de pierre blanche. Elle prit une profonde inspiration, levant les yeux au ciel strié de grands voiles flamboyants. Étant comme la plupart des gens assez superstitieuse, elle refusait d’imaginer quel genre de malheur pouvait arriver à Marcelin, de peur que cela donnât des idées au Malin. Mais si l’esprit peut aisément se cacher la tête dans le sable, le cœur, lui, sait faire fi de ces manœuvres. Elle commença donc à se ronger les sangs, tourmentée par un flot d’angoisses et de sentiments contradictoires. La voix du cœur lui susurrait : « S’il mourait, j’en mourrais. » Celle de la raison répliquait aussitôt : « Allons, on ne meurt point de la mort d’un simple ami. » La première relançait : « Je l’aime, c’est évident. » Ce à quoi la seconde précisait : « Comme on aime un frère, un complice de jeunesse, un compagnon de jeu. » Un court moment, l’apprentie alchimiste parvint à faire taire ses pipelettes intérieures. Mais bien vite, elles revinrent à la charge : « Un jour, il serait capable de te demander en mariage », prévint le cœur. « Me marier avec un voleur ? Sûrement pas ! s’insurgea la raison. Ou alors, il faudrait avant qu’il se retirât deux ans dans un monastère pour se purifier l’âme. » Et ainsi se fit-elle la conversation, remuant par moment les lèvres.

Dominique tressaillit en entendant des gonds grincer dans l’obscurité naissante. Lentement, elle se dressa au-dessus du tas de pierres pour jeter un regard vers le portillon. Elle distingua une dizaine de silhouettes qui pénétrèrent une à une sur le terrain. Parmi elles, la jeune fille reconnut, sans l’ombre d’un doute, celle du borgne. Elle repéra également l’homme au poignard et le barbu. Tous disparurent bientôt dans l’escalier du souterrain. Dominique se rassit dans l’herbe et, le visage dans les mains, se lamenta : « Dix, ils sont dix ! Comment attaquer une telle troupe avec quelques Boulettes-à-feu et autres “surprises” ? » De toute façon, il n’était pas question d’attaque mais uniquement de surveillance. Sans doute les hommes du borgne allaient-ils chercher Marcelin, comme Clodic l’avait prévu. Il fallait donc attendre qu’ils ressortent et les filer jusqu’à leur nid de rats.

Durant quelques minutes, elle essaya de se rassurer, d’envisager la suite des événements avec optimisme, de faire confiance à la providence… Mais une idée finit par fissurer insidieusement ses raisonnements, une idée effrayante, intolérable : « Et s’ils égorgeaient Marcelin dans la caverne ? » Elle en blêmit d’effroi et poursuivit à voix basse :

– Non, on ne se déplace pas à dix pour une exécution clandestine.

Elle était tranquillisée. Pas pour longtemps, car le portillon grinça à nouveau. La silhouette d’un homme se découpa dans l’encadrement. Curieusement, il semblait avoir des difficultés à franchir la petite porte, comme s’il transportait un objet assez lourd.

– T’es sûr que c’est là ? demanda un autre derrière lui.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.